Paris – Delhi : 40h

Namasté !

Ce début de voyage est assez mouvementé, donc les détails sont un peu longs.

Embarquement, 10h d’avion, une première rencontre avec un femme qui, chaque mois, alterne entre Paris et Colombo. La bougeotte, me dit-elle.

Mais c’est au moment où je fais mon premier pas hors de l’avion que le dépaysement commence vraiment. C’est cette première bouffée d’air chaud et humide, cette ambiance d’une douce moiteur.

Et puis ce sont tous ces gens qui paraissent fiers d’être là où ils sont, en arborant fièrement des costumes souvent trop larges, avec une paire de sandales, des chemises foncées avec des manchettes et cols blancs. Ces gens qui, parfois, alors que j’émerge d’une petite sieste, sont en train de me fixer. De temps en temps c’est gênant, pesant, mais il suffit de leur renvoyer un sourire pour que ça devienne attendrissant, car leur visage s’illumine.

Allez comprendre. Je ne saurais pas encore expliquer ces attitudes. J’imagine que c’est de la curiosité, et que contrairement à nous, européens, fixer une personne est chose commune.

Quoiqu’il en soit, 8h d’escale, c’est un poil longuet, quand même. C’est la première fois que j’essaie de dormir dans un aéroport, et je découvre (sans surprise) que les sièges ne sont clairement pas faits pour ça. Tous en métal, souvent écartés les uns des autres d’une dizaine de centimètres histoire de ne pas pouvoir s’allonger sur une rangée.

Mais bon, on s’en accommode. J’ai récupéré le coussin fourni dans l’avion précédent, je pense que je ne vais jamais le quitter. Je pensais que c’était un petit luxe léger, il s’avère que c’est une nécessité pour pouvoir récupérer un peu pendant ces heures « perdues ». Quitte à ne rien faire, autant dormir pour être en forme après les vols.

Enfin le vol Colombo – Delhi, 3h, ça passe vite !

Delhi airport

Aéroport de Delhi

Arrivé à Delhi, je prends un taxi prépayé (plus sûr, moins d’arnaques) mais il y a un Ukrainien qui est déjà dedans. Ça ne me dérange pas, il va dans une guest house, et l’ami chez qui je suis censé aller dormir (Rémi) est sur le chemin, donc tout va bien. Cet ukrainien dont le nom spirituel est Satori (« Moment d’illumination » en japonais, m’explique-t-il) habite en Inde depuis 10 mois, et pratique le Yoga intensément, il donne même des cours.

Après 1h30 de taxi, nous arrivons devant l’appartement de Rémi. Comme à chaque fois que j’ai besoin de le joindre, j’ai activé internet quelques secondes le temps de recevoir ses messages et le prévenir que j’étais devant chez lui. Mais là, je comprends qu’il y a eu un quiproquo. Je pensais qu’il arrivait chez lui dans l’après midi, mais il ne rentrait d’Agra que le lendemain soir. Aïe. Je ne sais pas trop où je suis, je sais seulement que le taxi qui m’a déposé est encore là, et l’autre personne qui était dans le taxi avec moi va dans une guest house.

Je décide alors d’aller au même endroit que lui. « Tu verras, c’est très sympa » me dit-il, « bien sûr il y aura de la place pour toi ».

Après 30 min de taxi, je trouve le temps un peu long, et interroge mon accompagnateur quant au temps restant pour atteindre sa fameuse guest house.

« Encore 3h »

*Gloups*

Dans quoi me suis-je embarqué ?

Sa guest house se trouve à Vrindavan, environ 3h au sud de Delhi. Nous sommes sur une sorte d’autoroute, il m’explique qu’il doit être à sa guest house avant 21h sinon ce sera fermé, je ne peux donc pas demander au chauffeur de faire demi-tour pour m’emmener dans Delhi. Seule solution, aller à Vrindavan et espérer que je pourrai trouver un lit et un bus le lendemain pour rentrer à Delhi.

Nous arrivons donc, mais avec du retard, aux alentours de 22h. Les rues sont bondées, des piétons partout, ce n’est pas habituel à cette heure-ci, m’explique Satori. Nous nous rendons compte que nous arrivons au début d’un grand festival qui a lieu aux abords de la ville. Et qui dit grand festival, dit beaucoup de monde, donc beaucoup de touristes, donc sans surprise, la guest house et tous les hôtels aux alentours sont complets.

Il est 23h, nous ne savons pas où nous allons dormir. Le chauffeur de taxi nous a déposés, nous sommes avec nos sacs à dos respectifs, et nous arpentons les rues à la recherche de deux (voire d’une) chambres. Contrairement à ce qu’on pense, la nuit, la température chute dans ce coin de l’Inde, rapidement, et je n’étais pas habillé chaudement. Le froid commence à nous prendre, mais nous rencontrons finalement un local à moto qui comprend d’un coup d’oeil notre situation.

Profitant de notre fatigue et de « l’urgence » de trouver un lieu où dormir, il nous indique qu’il connait une guest house à 2km d’ici, mais que le prix sera de 1000 Roupies par personne, pour une chambre (contre 400 Roupies pour deux personnes et pour deux chambres pour un tarif normal). Nous acceptons, un de ses amis arrive en moto, et les deux nous amènent à l’endroit convenu. Après quelques négociations, nous arrivons à ne payer que 500 Roupies par personne, et nous avons chacun notre chambre. Pas mal ! J’apprends également qu’il y a un bus pour Delhi qui part à 6h du matin le lendemain, à 10km d’ici.

Il est 00h15, je me couche, crevé de ce voyage. Car oui, je suis parti de Paris à 11h la veille, ça fait donc (en comptant le décalage de 4h30) 33h que je voyage.

Quelles belles chiottes !

Quelles belles chiottes !

Réveil à 5h, douche sommaire (il n’y a qu’un robinet, mais je m’en doutais), je prends un rickshaw à 5h15 en direction de la gare de bus. C’est à beaucoup plus de 10km, j’arrive à 6h10, mais par chance, le bus est encore là. 10 minutes plus tard, je suis parti ! C’est une bonne leçon, toujours prévoir d’être bien en avance, car quand le bus ne passe qu’une fois par jour …

Bus to Delhi

Bus to Delhi

Sachant que Rémi ne rentrera que dans l’après midi, j’avais ma journée pour aller visiter un peu Delhi. Le souci, c’est que je comptais sur le wifi pour pouvoir planifier un peu ma visite. Tant pis, j’y vais à l’aveugle. Je regarde une carte, je vois « Main Bazar » qui se trouve en plein centre, juste à côté d’une gare de train. Ça doit être sympa. Un coup de métro, et j’y arrive … Presque. Je suis de l’autre côté de la gare, impossible de la contourner. Il faut que je paie pour passer de l’autre côté, soit disant. Je n’en crois pas un mot, j’y retournerai quand je me serai renseigné.

Je me souviens que l’Ukrainien m’a parlé d’un endroit qui s’appelle Hauz-Khas village. Je vois sur le plan de métro qu’il y a un arrêt Hauz Khas. Je décide d’aller y jeter un oeil. C’est environ à 30 minutes de marche. Le long des larges routes, des vies contrastées se mélangent. On peut y voir un homme en costume au téléphone, marchant d’un air pressé, une fille en guenilles qui cherche d’un pas lent des ordures le long de la route, un autre encore qui fait la sieste sur un muret.

Bonne sieste !

Bonne sieste !

 

Une petite fille ramassant des bidons vides

Une petite fille ramassant des bidons vides

 

Barbier dans la rue

Barbier dans la rue

Une dizaine de demandes de chemin plus tard, je suis dans ce petit village très animé et fort sympathique. Ça grouille de partout, on y trouve restaurants, bars, cafés, parfois anciens ou miteux, parfois de grand luxe. Dans la rue, on m’aborde tous les 10m pour que je vienne déjeuner chez eux. « Come come, restaurant burger, you like it » they tell me. Yes ben j’ai pas faim et je m’enfonce dans ce paysage.

Hauz-Khas village

Hauz-Khas village

On y remarque rapidement l’efficacité et la minutiosité des électriciens, qui, en cas de panne, retrouverons évidemment sans peine l’origine du problème. D’ailleurs, je ne sais pas comment ils arrivent à s’en sortir, sans panne, et sans accident.

Une électricité au top

Une électricité au top

Je trouve un café avec comme sous-titre « for travellers ». Dedans, un écran de vidéoprojecteur est ouvert avec un début de film en pause. Il y a une projection gratuite d’un documentaire sur l’économie actuelle. Les gens qui sont présents sont indiens, mais parlent très bien anglais et sont très avenants. Je décide de rester, ça me permet de me reposer un peu. Je tombe de sommeil pendant la projection. À la fin du film, le café doit fermer, je cherche donc un endroit avec internet pour pouvoir contacter Rémi, je trouve un Starbuck, mais ils n’ont pas de wifi. Arf. Tant pis, je prends un chocolat, un cookie (je n’ai pas mangé depuis le déjeuner servi dans l’avion la veille) et je m’installe avec un bouquin. J’attends avec impatience mon ami qui est censé rentrer d’Agra dans l’après midi afin de pouvoir me reposer et avoir internet afin de planifier les jours suivants.

C’est chose faite, me voilà chez lui, à finaliser cet article certes un peu long, mais il me semblait rigolo de raconter cette première aventure.

Allez, à la prochaine, bécots !

Quelques photos en vrac

Des arbres au milieu de la route, normal

Des arbres au milieu de la route, normal

 

Toujours aussi propre

Toujours aussi propre

 

Un p'tit chiot choupie

Un p’tit chiot choupie

 

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  1. Non continue à raconter c’est vivant et intéressant Bon style ! Un nouveau talent ? PS ne perds pas ton portable !

    • Romain

      23 novembre 2015 at 4 h 45 min

      Hey Bruno ! Tant mieux si c’est sympa à lire, pas évident de raconter un peu pêle-mêle ses aventures … Et non, je ne compte pas perdre mon portable !

  2. Trop bien le recit… On s y croirait 🙂 nous voila donc partis pour un voyage par procuration . Bon vent et take care

  3. Bravo pour ce 1er récit très vivant! On s’y croirait. Bon sejour à Delhi et autres lieux alentour. On attend avec impatience la suite de tes aventures….Grosses bises

  4. C est super de pouvoir te suivre via le blog

  5. Me voila inscrite pour être informée de l’évolution de tes aventures

  6. Et ça commence très bien ! aussi palpitant que mon livre de chevet ! merci mon Rom et j’attends la suite avec impatience ! muchos besos

  7. Premier jour, premières emmerdes, j’ai beaucoup rigolé 🙂
    Have fun !

    Corto

  8. Déjà passionnant !,! Je suis à fond avec toi pour ce voyage!!,, grosses bises!

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